Chéloïde & Épigénétique
Q: Une définition courte de mémoire épigénétique
R: La mémoire épigénétique est la transmission stable de modifications épigénétiques qui régulent l'expression des gènes sans altérer la séquence de l'ADN, parfois entre générations.
Q: Comment une mémoire de ce type se produit-elle ?
R: La mémoire épigénétique se produit par des modifications chimiques stables de l’ADN ou des protéines associées, influençant l'expression des gènes. Voici comment cela fonctionne :
- Méthylation de l’ADN
- Modifications des histones
- ARN non codants
Réponse aux signaux : Ces modifications sont souvent déclenchées par des stimuli environnementaux (stress, alimentation, toxines).
Stabilité : Une fois établies, ces modifications peuvent être stables et maintenues au fil des divisions cellulaires.
Transmission intergénérationnelle
Dans certains cas, des modifications épigénétiques échappent au “reset” habituel qui se produit lors de la formation des cellules reproductrices, permettant leur transmission aux descendants. Cela peut influencer les traits ou la susceptibilité à certaines maladies dans les générations suivantes.
Q: Liens entre mémoire épigénétique et cicatrices chéloïdes ?
R: Suractivation des gènes de cicatrisation :
Dans les chéloïdes, les fibroblastes (cellules responsables de la production de collagène) montrent une activité accrue, conduisant à une surproduction de collagène de type I et III.
Ces modifications peuvent être en partie dues à des altérations épigénétiques (méthylation de l'ADN, modifications des histones) qui maintiennent l'expression excessive des gènes impliqués dans la prolifération cellulaire et la synthèse du collagène.
Transmission de la mémoire épigénétique dans les fibroblastes :
Les fibroblastes issus des chéloïdes conservent une mémoire épigénétique de leur hyperactivité. Cela signifie qu’ils continuent à produire du collagène de manière excessive même lorsqu'ils sont cultivés en dehors du contexte du tissu chéloïde.
–> Mémoire épigénétique des fibroblastes
Cette mémoire est probablement liée à des changements stables dans l'expression des gènes régulant la réponse aux signaux de cicatrisation, tels que les facteurs de croissance (TGF-β, VEGF) et les voies SMAD.
Influence des facteurs environnementaux :
Les blessures, infections ou tensions mécaniques peuvent déclencher des modifications épigénétiques dans les cellules du derme. Ces modifications incluent :
La méthylation de l'ADN, qui peut activer ou réprimer certains gènes.
Les modifications des histones, qui influencent l'accessibilité de l'ADN à la machinerie transcriptionnelle.
Si ces stimuli sont chroniques ou intenses, ils peuvent entraîner une activation persistante des voies de cicatrisation via une mémoire épigénétique.
Facteurs épigénétiques spécifiques impliqués :
- Méthylation de l'ADN :
Une hyperméthylation ou une hypométhylation de certains promoteurs de gènes a été observée dans les chéloïdes. Par exemple, l’hyperméthylation des gènes suppresseurs de tumeurs peut favoriser une prolifération cellulaire excessive.
- Acétylation des histones :
Une augmentation de l'acétylation des histones H3 et H4 est associée à une expression accrue de gènes de croissance (comme TGF-β), favorisant la formation de chéloïdes.
- MicroARN (miARN) :
Les microARN, petits ARN régulateurs, jouent un rôle clé dans la régulation post-transcriptionnelle des gènes. Dans les chéloïdes, des miARN spécifiques (comme miR-21 et miR-29) sont souvent dérégulés, contribuant à la fibrose excessive.
Héritabilité et susceptibilité génétique :
Les modifications épigénétiques peuvent être transmises à travers les générations cellulaires, ce qui signifie que les fibroblastes dérivés d’un chéloïde peuvent maintenir une prédisposition à une activité excessive.
Cette mémoire épigénétique pourrait expliquer pourquoi certaines populations ou familles ont une susceptibilité accrue aux chéloïdes.
Implications thérapeutiques :
Comprendre la mémoire épigénétique dans les chéloïdes ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques ciblant directement les mécanismes épigénétiques, comme :
- Les inhibiteurs de la méthylation de l'ADN (ex. : décitabine).
- Les inhibiteurs de l'acétylation des histones (HDAC inhibitors).
- Les thérapies basées sur les miARN pour normaliser l’expression des gènes associés à la fibrose.
En résumé, la mémoire épigénétique joue un rôle clé dans le développement et la persistance des chéloïdes, en modulant durablement l'expression des gènes liés à la cicatrisation et à la fibrose. Ces connaissances pourraient conduire à des thérapies plus efficaces et spécifiques pour prévenir ou traiter les chéloïdes.